Autrefois, je voyais la philosophie comme quelque chose d’inutile, un passe-temps réservé aux intellectuels avec trop de temps libre… Mais le jour où j’ai compris qu’un simple changement de perspective sur le TEMPS pouvait apaiser toute mon anxiété, j’ai réalisé à quel point la philosophie pouvait être puissante.
Grâce au Yi King, j’ai découvert la notion de temps cyclique : un temps qui revient, mais jamais exactement sous la même forme. Cela m’a fait comprendre que la vie est faite de cycles, de hauts et de bas. Personne ne reste éternellement au sommet, mais personne ne reste non plus au fond du gouffre pour toujours.
Au début, je pensais que la traduction du Yi King de Wilhelm (lien Amazon, lien Fnac) était dépassée. Pourtant, de nombreux experts vietnamiens y font encore référence. Et pour cause : sa traduction ne repose pas uniquement sur la linguistique, mais sur une profonde intuition qui lui a permis de capter le sens au-delà des mots.
Attention, le Yi King est un texte difficile. Il vaut mieux acquérir le vocabulaire et les idées principales en regardant d’abord quelques vidéos sur YouTube avant de lire le livre. Ensuite, pour la lecture, je recommande de lire d’abord :
- l’introduction
- les pages 392 à 402
- ensuite 297 à 390 avant d’attaquer les hexagrammes (livres I et livres III).
Tout commence avec le YIN (représenté par deux traits discontinus _ _) et le YANG (représenté par un trait continu _). En combinant ces deux signes, on obtient d’abord 4 combinaisons. Puis en ajoutant un trait yin ou un trait yang à ces 4, on en obtient 8 trigrammes (la terre, la montagne, l’eau, le vent, le tonnerre, le feu, le lac, le ciel). Et en superposant ces 8 trigrammes l’un sur l’autre, on obtient 8×8 = 64 hexagrammes.
Ces 64 hexagrammes représentent toutes les situations qu’on peut rencontrer dans la vie. Chaque hexagramme comporte 6 traits qu’on lit de bas en haut. Ces traits représentent des étapes de transformation, des niveaux de développement ou des dynamiques internes propres à la situation décrite.
En lisant la description des hexagrammes, puis celle de chaque trait, vous allez peut-être vous dire : « Ce trait me fait penser à telle personne que j’ai connue » ou « Cela ressemble à une situation que j’ai vécue. »
Par exemple, dans l’hexagramme 3, Tchouen, le deuxième trait est yin (on dit « Six à la deuxième place » — six désignant un trait yin, neuf un trait yang), il est écrit :
« Quand on se heurte à des obstacles, un soulagement s’offre inopinément d’un secteur avec lequel on n’a aucun lien. L’on doit demeurer prudent et n’assumer aucune obligation entraînée par une telle aide (…). Si l’on attend le moment, les conditions paisibles reviennent et l’on parvient à ce que l’on espérait. »
C’est une situation que j’ai vécue personnellement.
À un moment où ma carrière était au point mort, quelqu’un m’a proposé de m’occuper d’un client susceptible de la relancer. Pourtant, mon intuition m’a poussé à refuser. Et en effet, un mois plus tard, j’ai trouvé un meilleur client, bien plus aligné avec moi, et cela a complètement transformé ma trajectoire.
Utiliser le Yi King, c’est un peu comme se regarder dans un miroir pour observer où l’on se trouve dans le cycle de la vie : dans quel hexagramme, à quel trait. Et lorsqu’on connaît précisément notre positionnement, le contexte dans lequel on évolue et les manœuvres possibles, la situation devient beaucoup plus claire, et l’anxiété disparaît.
Et pourtant, ce n’est là qu’une application très basique du Yi King.
Pourquoi le Yi King est-il si puissant ?
Le Yi King explique à la fois la genèse du monde et son fonctionnement profond. Il repose sur une logique universelle de transformation (tout évolue sans cesse), ce qui le rend applicable à tous les domaines : métaphysique, quotidien, scientifique, spirituel… (D’ailleurs, ce n’est pas qu’une idée abstraite : deux chercheurs chinois ont reçu un prix Nobel en s’inspirant des principes du Yi King, preuve que cette sagesse ancienne peut aussi nourrir les sciences modernes.). Certains experts vietnamiens pensent que le Yi King est le dernier vestige d’une ancienne civilisation très avancée, disparue avant le Déluge.
À son niveau le plus simple, on l’utilise comme un outil divinatoire, un peu à la manière du tarot : on pose une question, il répond.
Mais son potentiel va bien plus loin : il peut s’appliquer à la santé (comme en médecine traditionnelle asiatique), à la gestion d’entreprise ou à la stratégie (économique, militaire), à la quête du bonheur personnel, et même à des questions ultimes, comme la libération du cycle des réincarnations, dans une perspective bouddhiste ou taoïste.
Nous venons dans ce monde sans mode d’emploi. Le Yi King EST le mode d’emploi
Ressources
Vous pouvez aussi lire mon article sur le Yi King sur mon autre blog, où j’explique l’importance du bon moment, du bon lieu avec la bonne personne.
Il y a un maître taiwanais qui explique très bien l’origine et les influences du Yi King dans la culture chinoise et le management chinois : Zeng Shiqiang. J’ai trouvé quelques vidéos de son cours sous-titrées en anglais. Ce n’est malheureusement pas complet (le cours complet comporte une centaine de vidéos), mais c’est mieux que rien. Voici la playlist avec 7 vidéos :
C’est une bonne explication. J’avais trouvé un outil de Yi King dans une boîte à livres qui m’avait intrigué quand j’étais encore en Master de sociologie des religions, mais impossible d’en comprendre le fonctionnement avec le guide qui lui était attaché. Maintenant, j’ai une idée du sens des symboles. Très intéressant.
Merci. C’est un livre difficile donc c’est intéressant de regarder des vidéos avant d’attaquer les écrits. Mais si on a le temps de l’étudier en profondeur, il nous apportera beaucoup de choses. Bonne re-lecture du Yi King !
Anh